Les prix des céréales et du soja soutenus par les biocarburants et la guerre en Iran

Les analystes du marché des grains soulignent un « certain contraste » entre « l’impression d’un cataclysme géopolitique » du fait des frappes israéliennes en Iran, et les répercussions, somme toute, mesurées sur le marché des grains. Certes, les prix du blé, du maïs, du colza et du soja étaient en hausse en fin de journée, mais dans des proportions relativement modestes : la tonne de blé s’est installée autour de 208 euros sur Euronext, celle de maïs dépassant les 192 euros.

Les cours des huiles boostés

Le fait le plus marquant ces derniers jours sur les marchés agricoles est la hausse du quota annuel d’incorporation de biodiesel (+8 %) dans les carburants traditionnels aux États-Unis. C’est l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) qui l’a annoncé le vendredi 13 juin 2025.

Pour Arlan Suderman, analyste pour la plateforme de courtage StoneX Financial, le soutien observé sur les cours du soja est clairement « dû aux nouveaux quotas de biocarburants publiés par l’EPA », même si cette augmentation des quotas n’interviendra qu’en 2026.

Selon l’analyste, les fonds anticipent de « forts niveaux de trituration dans les jours et les semaines à venir. Pourquoi ? Parce que les transformateurs vont essayer de produire autant d’huile de soja que possible, ce qui contribue à soutenir » les cours du soja. Ces derniers ont clôturé en hausse le 17 juin à la Bourse de Chicago, à 10,74 dollars le boisseau (environ 27 kg).

La hausse des prix du soja a entraîné ceux du colza européen qui évoluait autour de 494 euros la tonne ce mercredi 18 juin sur Euronext. « Cela booste surtout le marché des huiles », a commenté Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France, qui voit en parallèle se dessiner « un décrochage des tourteaux », car le marché intègre un risque de surproduction de tourteaux.

La hausse du cours du soja sera « de courte durée », estime également Dewey Strickler, d’Ag Watch Marcket Advisors. « Vous verrez que les stocks de farine vont augmenter, ce qui, à plus long terme, aura un effet baissier », assure-t-il. Environ un cinquième du poids d’un boisseau de soja peut être transformé en huile, le reste finissant en farine et tourteaux.

Les prix du maïs sous pression

Le cours du maïs évoluait plus modestement : « Les quotas de l’EPA pour l’éthanol sont restés inchangés », ce qui explique l’absence de soutien des cours du grain jaune, note Arlan Suderman. En outre, la poursuite à bon rythme de la récolte de la safrinha (la plus importante récolte de maïs) au Brésil, où 10 % des surfaces ont déjà été moissonnés, ajoute une pression à la baisse sur les cours internationaux.

Quant au blé, « c’est la mer Noire qui fixe le prix dans le monde et le reste des marchés y réagit », assure Arlan Suderman. Les prévisions de récoltes s’y annoncent bonnes. Même meilleures que l’an dernier en Ukraine, avec près de 25 millions de tonnes de blé (contre 23,5 millions de tonnes en 2024), selon des données publiées par la Commission européenne.

En France, la récolte céréalière a démarré dans des conditions satisfaisantes, avec l’orge, en attendant le blé : « Les échos sont rassurants, après la campagne catastrophique de l’an dernier », selon Gautier Le Molgat. La baisse des prix de la semaine dernière a entraîné « un petit réveil des acheteurs », à la fois des États et des fabricants d’aliments pour le bétail, a-t-il relevé.

En Algérie, l’office national OAIC a acheté « entre 550 000 et 570 000 tonnes de blé meunier, sans doute de la mer Noire (Roumanie, Bulgarie, Ukraine) à 244,50-245,00 dollars par tonne, chargement et fret compris, pour des chargements en août 2025 », selon le cabinet Inter-Courtage.